Damien Tokatlian

Escrimeur en fauteuil roulant.

Photo portrait damien-tokatlian

Je m’appelle Damien Tokatlian, je suis le para-escrime et je vais faire les jeux paralympiques de PARIS 2024 et ça sera mes 4ème jeux, parce que j'ai déjà participé à Londres, Rio et Tokyo avec déjà trois médailles par équipe au fleuret et donc c’est argent, bronze, bronze donc il me manque une médaille. 


Qu’est-ce qui vous a initialement attiré vers l’escrime (handisport), et comment avez-vous commencé votre parcours dans ce sport ?


L’escrime en fait, je n’ai pas été très innovant parce que mon père faisait de l’escrime donc j'ai fait comme papa et ça m’a plu donc comme ça m’a plus j’ai continué. Ça va faire 50 ans que je pratique de l’escrime. 


Pouvez-vous nous parler d’un moment particulièrement marquant ou d’une compétition qui a significativement impacté votre carrière d’escrimeur handisport ?


Et bien toute ! La seule qui me marquera le plus est celle de Paris, la dernière. Toutes les compétitions sont importantes, après il n’y a pas de moments plus qu’un autre. Dans toutes les compétitions, il y a des moments. C'est difficile de dire, c’est ce moment plus que celui d’une autre, c'est vrai. En effet, on peut en retenir certains quand on marque la dernière touche de Tokyo, c’est important. La victoire n'était pas évidente face à la Russie, mais ce sont tous des moments importants globalement. J’essaie surtout de m’attacher au prochain moment, celui du grand palais va être intense donc j'essaie de faire en sorte de me souvenir de ce moment, car ça sera le dernier moment important pour moi. Donc aujourd’hui si je devais vraiment choisir ça serait celui de Tokyo, car c’est le récent en date. Pour vous dire le premier moment de ma médaille en international, je ne m’en souviens même plus. 


L’escrime est un sport qui demande à la fois précision et rapidité. Comment adaptez-vous votre entraînement pour répondre aux défis physiques et techniques spécifiques à votre discipline ?


L'adaptation sur la spécificité de l’escrime, c’est que je m’entraîne avec un maître d’armes qui complémente les entraînements avec l'entraîneur de l’équipe de France. Et je m'entraîne aussi en physique, j’ai de la proba physique donc avec un préparateur physique. Je m’entraîne avec des personnes qui sont valides et qui tirent avec moi en fauteuil pour faire en sorte que je sois le meilleur possible. Le rythme d’entraînement est commun à tous ceux de haut niveau donc c’est entre 25 h et 30 h par semaine tout compris sachant que je travaille à côté. 


En tant qu’athlète handisport, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite surmonter des obstacles personnels pour exceller dans un sport ?


Je pense qu’avant d’exceller, il faut se mettre au sport et pour ça quelques fois, il ne faut pas trop s’écouter et y aller donc franchir la porte d’une association, d’un club, car c'est l’occasion de rencontrer des gens et essayer de participer. Après, on se laisse porter, même sur le haut niveau, c’est différent. C’est des envies, un rêve, une implication, un quotidien, c’est des sacrifices. Ce n’est pas donné à tout le monde. C’est une discipline de vie. Ceux qui veulent le faire peuvent le faire, c'est ouvert à tout le monde le haut niveau. C’est juste du travail et de la persévérance. Donc oui, avant de franchir le haut niveau, il faut faire du loisir. Tous les champions, quels qu’ils soient, ont commencé par franchir la porte d’une association pour commencer. Ainsi, le plus compliqué, c’est de commencer et à la fois la plus simple. 


Comment percevez-vous l’évolution de l’escrime handisport et de sa reconnaissance au niveau national et international au cours des années ?


Nous ne sommes pas connus, mis à part peut-être les sports collectifs, le tennis et encore. Mais j’espère que les jeux vont finalement faire en sorte que ça ouvre les esprits finalement. Et que des grands champions français sont connus du grand public. Les médias ne nous mettent pas non plus en valeur, mais ça passe par des actions comme la vôtre, apporter la connaissance et la visibilité aux gens qu'on nous accordera de l'attention. 


Quelle importance accordez-vous à la dimension psychologique dans la préparation aux compétitions, et avez-vous des routines spécifiques pour vous préparer mentalement avant un match ?


Une grande importance, c’est primordial pour avoir ces côtés préparation mentale surtout sur des événements comme les jeux, c’est très particulier. C’est une compétition qui ne ressemble à aucune autre et donc si on ne s'y prépare pas mentalement, si on n'est pas préparé à prendre tout ce qu’il va se passer, on peut trébucher. C’est une notion que j’ai depuis le début. Par exemple, j’ai une préparatrice mentale, nutritionniste, etc. En fait, la composante du haut niveau est multiple, elle passe par la technique, la tactique, le bien-être psychologique, le bien-être social pro et puis effectivement la santé. Quand on fait du haut niveau, on doit faire attention à notre ligne.


En dehors de l’escrime, quelles sont vos passions ou activités qui contribuent à votre équilibre personnel et sportif ?


Escrime, escrime et escrime *rire*. Aujourd'hui c’est difficile de faire autrement. Le haut niveau c’est un choix de vie. Cela fait partie des choix et du sacrifice que je m’impose.

Avez-vous un petit message à faire passer pour nos futurs lecteurs ? 

Tout d’abord d’apprécier votre magazine, car ce n’est pas commun comme projet. Puis de s'intéresser plus au sport d’une manière générale puisque c’est à force d’être demandeur que les médias prendront peut-être le sujet plus à cœur. Faire en sorte que ce que vous avez fait suscite la curiosité et l’ouverture d’esprit particulièrement sur le handisport.  

Tous les champions, quels qu’ils soient, ont commencé par franchir la porte d’une association pour commencer.