1. Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes tombée amoureuse de la natation et comment cela a influencé votre parcours sportif ?
J’ai commencé à nager, car il y avait une piscine juste à côté de chez moi. Mon frère y nageait, dans la logique des choses, j’ai suivi mon frère. La natation est un sport de famille. Lorsque je nageais à Liévin, c'était un sport de loisir, pour décompresser après ma journée d'école, me vider la tête... Tout a commencé de là. Un jour, ma mère s'est renseignée et a appris que les sourds pouvaient intégrer le handisport. C'est donc en 2018 que j'intègre la fédération française de natation handisport, j’ai changé de club pour pouvoir m’investir pleinement. Je suis passée de 3 entraînements par semaine à 8, très rapidement, j'ai monté les échelons, 2 ans après j'étais en équipe de France.
2. Comment votre surdité a-t-elle façonné votre approche de la natation et de la compétition paralympique ?
Le fait d’être appareillée toute la journée représente une fatigue constante, les sons sont amplifiés, les gens oublient notre handicap donc ils n’articulent pas forcément, ce qui représente un effort supplémentaire à fournir dans la compréhension lors d’une discussion… À la fin de la journée, nous sommes plus fatigués qu’une personne ordinaire. Dans la natation, j’enlève mes prothèses, je suis dans le silence et je pense que c’est en partie pour ça que j’aime la natation, je me reconnecte avec moi-même, je repense à ma journée dans le silence, je me coupe du monde le temps d’un entraînement. Quand j’ai augmenté mes entraînements, je savais que c’était pour atteindre un objectif précis : les deaflympics (les Jeux olympiques réservés aux personnes sourdes et malentendantes), je me suis alors lancé dans mon projet pleinement.
3. Quels ont été les défis les plus importants que vous avez dû surmonter en tant que nageuse paralympique atteinte de surdité ?
Une difficulté que j’ai dû confronter était de m’intégrer au club de natation à Liévin. En effet, les entraînements se déroulaient le soir, je voyais les nageurs que pendant les entraînements du soir. Or, pendant les entraînements, je n’ai pas mes prothèses auditives, ce qui fait que je n’entends plus, j’ai plus de mal à communiquer. Donc, durant les entraînements, il est plus difficile d’avoir une conversation avec une personne entendante. Mais lorsque je suis arrivée en section sportive à Béthune, cela a tout changé, car les nageurs que je ne voyais que le soir à Liévin, à Béthune, je suis constamment avec les nageurs : Au lycée, à l’internat, en PPG, … Donc plus de facilité pour la communication et donc je me suis sentie intégrée tout de suite.
4. Comment gérez-vous la communication avec vos entraîneurs et vos coéquipiers pendant les séances d'entraînement et les compétitions ?
J'ai la chance d'avoir de super coéquipiers d'entraînements qui n'hésitent pas à me répéter l'entraînement lorsque je n'ai pas compris ou alors à me faire les départs par un geste visuel, cela m'aide beaucoup ! Avec les entraîneurs, je fais principalement de la lecture labiale, ou sinon ils me font des gestes pour me donner le départ ou mes temps.
5.Quels conseils donneriez-vous à d'autres personnes atteintes de surdité qui aspirent à devenir des athlètes paralympiques dans le domaine de la natation ou d'autres sports ?
J'ai la chance d'avoir de supers coéquipiers d'entraînements qui n'hésitent pas à me répéter l'entraînement lorsque je n'ai pas compris ou alors à me faire les départs par un geste visuel, cela m'aide beaucoup ! Avec les entraîneurs je fais principalement de la lecture labiale, ou sinon ils me font des gestes pour me donner le départ ou mes temps.
6. Quels conseils donneriez-vous à d'autres personnes atteintes de surdité qui aspirent à devenir des athlètes paralympiques dans le domaine de la natation ou d'autres sports ?
Je leur dirai de rejoindre le handisport. En effet, lorsqu’on est sourds ou malentendants, nous ne sommes pas souvent compris surtout dans le milieu du sport, les entraîneurs ne sont pas souvent formés au handicap. Ils parlent facilement de dos, ou ils n’articulent pas,… C’est difficile de se sentir incompris pour un sportif qui fait du sport pour le plaisir et pas pour se sentir « mal ». Je leur dirai également d'être patients, le handicap invisible n'est pas toujours simple à comprendre pour quelqu'un de "valide", il faut leur répéter plusieurs fois les difficultés que l'on a pour qu'ils intègrent réellement notre handicap invisible.
7. Quelles sont vos aspirations et vos objectifs pour l'avenir, tant sur le plan sportif que personnel ?
Mon prochain objectif sportif est de me qualifier aux deaflympics de Tokyo en novembre 2025. Sur le plan personnel, j’aimerais réussir à intégrer l’école de psychomotricité à Loos.
8. Pouvez-vous nous parler d'une victoire ou d'un moment de succès qui vous a particulièrement marqué dans votre carrière de nageuse paralympique ?
Lors des chemins de qualifications pour les deaflymics de 2022 au Brésil, je n’ai pas eu ma qualification tout de suite, je n’avais pas réussi à faire les minimas. Quelques mois plus tard, je suis parvenue à faire les minimas. Je me suis surprise toute seule, c’est grâce à cette compétition que j’ai pu me qualifier. Alors que je pensais avoir raté ma qualification, j’ai réussi à l’avoir avec plus de préparation qui a changé la donne !
9. Comment votre famille et vos proches vous ont-ils soutenue tout au long de votre parcours sportif ?
Ma famille me soutient énormément dans mon projet, et je les remercie ! Ils mettent tout en œuvre pour que je puisse réussir. Les compétitions en handisport se déroulent rarement dans ma région et pourtant, ils font toujours la route pour me soutenir et venir me voir. J’espère qu’ils pourront aussi faire la route pour Tokyo.